La biodiversité sur les toitures et terrasses des villes

En tant que déléguée générale de l’Adivet, association dédiée aux toitures et façades végétales, Sophie Rousset-Rouvière s’engage activement à promouvoir la végétalisation des bâtiments. Son travail consiste non seulement à encourager cette pratique, mais aussi à veiller à l’application et à la diffusion des normes de qualité et de durabilité pour garantir son succès à long terme. Nous vous invitons à lire cette tribune pour des toitures et terrasses végétalisées alliées de la biodiversité.

Les toitures et terrasses végétalisées de nos villes peuvent accueillir une véritable biodiversité. Et quand on dit « biodiversité », on inclut la flore (plantée et spontanée), la faune (y compris les insectes et les araignées), les micro-organismes du sol (bactéries, champignons, etc.) et les interactions entre ces trois groupes d’êtres vivants, sans oublier celles avec leur environnement – parcs, rues plantées d’arbres, etc.

Dans des villes de plus en plus denses, dans un monde où l’érosion de la biodiversité est croissante, c’est une bonne nouvelle, sachant que près de 70 % de la population mondiale devrait vivre en ville d’ici 2050.

Côté flore, l’homme peut concevoir volontairement une toiture végétalisée biodiverse en travaillant sur la composition du substrat et de la palette végétale. Mais le rôle de la toiture végétalisée ne s’arrête pas là : elle offre également un espace que les espèces spontanées vont pouvoir massivement investir, comme l’a montré l’étude Grooves, publié en 2021.

Celle-ci, portant sur une trentaine de toitures d’Île-de-France, a comptabilisé qu’environ 70 % des espèces floristiques présentes en toiture n’avaient pas été plantées, certaines étant des représentantes d’espèces rares ou menacées. Ces travaux de recherche font suite à ceux du Muséum National d’Histoire Naturelle publiés en 2014 qui observaient la même tendance sur plus de cent toitures de la moitié Nord de la France. 

Topager

Côté faune, les résultats sont aussi positifs. Lieux préservés, les toitures représentent des espaces propices pour accueillir les oiseaux, les chauves-souris ou les insectes, dont les pollinisateurs si utiles à la diversité de notre alimentation.

La LPO (ligue de protection des oiseaux) souligne l’importance de la présence en ville de ces toitures végétalisées qui offrent aux oiseaux un lieu temporaire ou pour s’établir. L’étude Grooves a également montré l’importance et la diversité des invertébrés en toiture : 611 espèces différentes ont été observées. Enfin, dans le support de culture des toitures végétalisées, on trouve toute une population de micro-organismes, suffisamment diversifiés et nombreux pour ce « techno-sol » soit fonctionnel, comme l’ont montré des études menées par AgroParisTech. Les projets d’agriculture urbaine en toiture, de plus en plus nombreux, présentent d’ailleurs des techno-sols avec une belle diversité d’organismes.

La recette d’une toiture végétalisée ou d’une toiture jardin optimale pour la biodiversité ?

Plusieurs paramètres sont à prendre en compte : faire un état des lieux pour savoir de quoi l’on part, se fixer des objectifs précis en termes de biodiversité, miser sur une certaine épaisseur de substrat (entre 15 et 30 cm, avec des variations d’épaisseurs pour créer des habitats diversifiés) ainsi que sur sa composition afin de pouvoir installer – et laisser s’installer – une palette végétale variée et présentant plusieurs strates (mousses et couvre-sols, herbacées, arbustives), favoriser et/ou ajouter des habitats pour la faune (bois mort, brique, gravières, sable, nichoirs, etc.).

Ainsi, le bâti peut-il participer à la renaturation, accueillir une réelle biodiversité en ville et, si le lien peut être fait avec d’autres espaces naturels, s’intégrer à la trame verte.

Comment évaluer la performance des toitures végétalisées en termes de biodiversité ? Le coefficient biotope par surface définit la part de surface éco-aménagée sur la surface totale d’une parcelle. Le CBS de Berlin attribue un coefficient de 0,7 à la toiture végétalisée (vs 1 pour un espace vert en pleine terre).

L’ Adivet, l’association des toitures et façades végétales, travaille sur un CBS spécifique aux toitures végétalisées et aux terrasses jardins qui permettra une appréciation plus fine en fonction des typologies de toits végétalisés. Quoiqu’il en soit, la végétalisation du bâti joue bien un rôle quant à la réintégration de la nature en ville et donc en faveur de la biodiversité.

De quoi inspirer toute la chaîne de décision, des donneurs d’ordre et architectes aux exploitants de ces écosystèmes urbains ! « 

Cette tribune de Sophie Rousset-Rouvière (Adivet) a été publiée sur Daily Green

Cette information vous a plu ?

Inscrivez-vous à notre newsletter :


Publié

dans